Yannick Buttet dérape
«Mes émotions avaient besoin de s’exprimer, et c’est chose faite», rapporte Yannick Buttet. maret/A
«Peux-tu nous dire combien chaque Montheysan paie pour toi chaque jour?» Cette question, lancée par Yannick Buttet à l’administrateur du groupe Facebook «Monthey, notre ville!» a été l’étincelle qui a enflammé la Toile vendredi soir. Faisant référence à la situation de cet habitant de Monthey au bénéfice d’une rente d’assurance sociale, cette contre-attaque voulait répondre aux critiques formulées quant à la candidature du président de Collombey-Muraz au conseil d’établissement de l’Hôpital Riviera-Chablais.
Ce qui a fait craquer Yannick Buttet? S’être vu reprocher de «manger à tous les râteliers» ainsi qu’un rappel aux affaires de harcèlement sexuel qui avaient poussé l’élu à démissionner du Conseil national en 2017.
La goutte de trop
Quelques jours après ces échanges, il s’est expliqué dans un long message sur le réseau social. Contacté, le président de Collombey-Muraz réitère son mea culpa: «Ma réaction n’était pas adaptée mais c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.»
S’il dit «ne rien minimiser» des affaires du passé, Yannick Buttet aimerait désormais pouvoir «parler des thèmes, car c’est ça qui fait avancer la collectivité». «Qu’on critique mon travail et mes avis, plutôt que de faire preuve de méchanceté gratuite, qui touche aussi mes proches et que je ne supporte plus…» Sur sa page Facebook, sa réaction a suscité plus d’un millier de réactions, pratiquement toutes positives.
Le PLR local très critique
Président du PLR de Collombey-Muraz et conseiller général, Thomas Birbaum a suivi les événements en direct. «J’ai trouvé ces propos particulièrement blessants, aussi par rapport aux personnes bénéficiant de l’aide sociale ou de l’assurance invalidité qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins.» La confession qui suit les événements ne le convainc pas. Pour lui, cela n’a rien d’un coup de sang puisque les échanges ont duré jusque tard dans la soirée. «L’argument est facile», rétorque le président de commune, «les élus sont des êtres humains et il est facile de cracher depuis la salle sur celui qui est sur scène».
Car Yannick Buttet ne s’est pas contenté d’une simple pique: à plusieurs reprises, il réitère sa question, insiste et réagit à chaque commentaire. «C’était assez rapide, il fallait suivre», se souvient Thomas Birbaum. Pour lui et son parti, «ce comportement n’est pas acceptable ni conforme à l’institution que doit représenter un président de commune».
Politicien expérimenté, l’ex-conseiller national est aussi un habitué des réseaux sociaux. «Il sait que ce n’est pas anodin d’attaquer quelqu’un sur un groupe qui réunit 5000 membres», remarque Thomas Birbaum, cela même si les échanges ont été supprimés depuis.
«Normal que ça pète»
«A force de tirer sur la corde, c’est normal que ça pète», remarque Guillaume Vanay, président de la section UDC de Collombey-Muraz, sans toutefois défendre le président de sa commune. Vice-président du Conseil général, il note qu’«il est plus facile de critiquer que de s’engager», constat qui ne vaut «pas seulement au niveau politique». Cheffe du groupe PS au Conseil général, Véronique Chervaz reconnaît que «les élus ont un devoir de représentation et de réserve et ne devraient pas entrer dans ce jeu-là», mais pour elle, cette affaire reste «de l’ordre du non-événement». «Vendredi dernier, c’est mon émotion qui a parlé, elle avait besoin de s’exprimer et c’est chose faite», conclut pour sa part Yannick Buttet.