Une «triste affaire» à tirer au clair

10 juin 2020 NF, La droite a déposé sa requête pour une commission d’enquête parlementaire 

La droite a déposé sa requête pour une commission d’enquête parlementaire sur l’Hôpital Riviera-Chablais.
PAR bertrand fischer/ lib

La droite parlementaire vaudoise (PLR, UDC et Vert’libéraux) veut faire toute la lumière sur les problèmes qui secouent l’hôpital de Rennaz. héloïse maret/a 

Après l’avoir annoncé, la droite parlementaire vaudoise (PLR, UDC et Vert’libéraux) a franchi le pas hier à Yverdon par la voix du chef de groupe UDC Philippe Jobin. Il faut «faire toute la lumière sur cette triste affaire», a lancé celui qui est aussi syndic d’Echichens.


Les événements sont «d’une grande portée» et c’est bien dans les attributions du Grand Conseil en matière de surveillance que de demander une commission d’enquête parlementaire (CEP) sur la débâcle de l’Hôpital Riviera-Chablais (HRC) Vaud-Valais, a-t-il argumenté. Le message est ainsi transmis au gouvernement qui établira un rapport et reviendra devant le Parlement pour soumettre l’objet à un vote. Le PLR espère que ce débat pourra se tenir à la rentrée parlementaire après les vacances. L’issue du vote ne fait en principe pas de doute puisque les trois partis comptent 82 voix sur 150. Sans compter celles de la gauche de la gauche qui, si elle n’a pas signé la requête, affirme qu’elle appuiera la constitution de la CEP lors du vote.

Garantie d’emprunt

Cinq éléments ont été mis en exergue par Philippe Jobin. Il faut se pencher en premier sur la situation financière de l’Hôpital Riviera-Chablais qui a nécessité l’octroi en urgence d’une garantie d’emprunt de 80 millions de francs. Le député veut ensuite des explications sur la gouvernance de l’HRC avec une précision d’importance. «Ce n’est pas le modèle lui-même qui est en cause, mais son fonctionnement.» Pour mémoire l’HRC est un établissement autonome de droit public et ce statut est celui que la même droite veut imposer au CHUV, qui dépend aujourd’hui exclusivement du gouvernement.


Troisième élément clé: examiner la problématique de la fuite des médecins, ce qui est «peu banal» quand on sait qu’ils font vivre l’hôpital. «Ça montre bien les dysfonctionnements tant sur le management, les méthodes que la philosophie du travail de l’HRC», selon le chef du groupe UDC. Un des points essentiels pour la commission sera en outre de se pencher sur l’opacité qui a régné. «Le Grand Conseil a la légitimité pour faire la lumière sur ce manque de transparence», a-t-il souligné.


Enfin, dernier point mis en avant par l’élu: les doutes sur le fait que le Grand Conseil pourra examiner les rapports d’audit demandés. Le Parlement «doit se saisir du droit et du pouvoir qu’il a sur le contrôle des deniers de l’Etat», a conclu Philippe Jobin. Si la requête a été transmise sans débat, la gauche a répondu à nos questions. Pour les Verts, la CEP est un instrument de dernier recours et il faut faire toute la lumière avant d’en arriver à ce point: «C’est donc prématuré.» La requête de la droite est «une manœuvre politique», selon Vassilis Venizelos, chef du groupe. Le PLR s’active pour préparer la discussion sur la gouvernance du CHUV. Pour cette raison, beaucoup de débats sur la santé sont aujourd’hui «challengés» parfois avec exagération, note le responsable écologiste.

Un instrument «coûteux»

La présidente du Parti socialiste Jessica Jaccoud tient à rappeler que la CEP est un instrument extrêmement coûteux qui ne rendra ses résultats que dans des années. «Ce n’est pas du tout ce dont les patients, les médecins et le personnel soignant de l’HRC ont besoin.» Par ailleurs, les attaques virulentes contre le CHUV, comme ce fut le cas hier avant le dépôt de la requête sur l’HRC, visent à déstabiliser l’institution pour justifier l’initiative de privatisation de l’hôpital, dénonce Jessica Jaccoud. La commission d’enquête parlementaire n’a pas servi souvent dans l’histoire politique vaudoise. On se souvient surtout de la surveillance des EMS (en 2000) et de celle consacrée en 2003 à la Banque cantonale vaudoise (BCV). L’UDC a fait chou blanc avec sa demande d’une CEP sur les prisons, alors qu’une requête déposée par la gauche et portant sur la débâcle de Beaulieu est toujours en attente de traitement.