Rubin démissionne

Pascal Rubin quitte un navire dans la tourmente. Lui et l’Hôpital Riviera-Chablais Vaud-Valais (HRC) l’annoncent ce jeudi dans des déclarations écrites. Ils refusent d’avance toute question des médias au motif que des audits sont en cours.
«Les discussions publiques autour des états financiers et de la gouvernance de l’Hôpital Riviera-Chablais ont aujourd’hui atteint un tel degré de personnalisation qu’elles ne permettent plus un examen sérieux sur le fond, écrit Pascal Rubin dans sa déclaration. Profondément attaché à une institution de service public […] j’ai pris la décision de remettre mon mandat. L’avenir d’un établissement de santé publique aussi stratégique pour toute une région ne peut se résumer à des combats de personnes.» Directeur de l’Hôpital Riviera dès 2010, il est devenu directeur général de l’HRC en 2014, cinq ans avant l’ouverture du site unique de Rennaz.

La pression s’accentuait ces derniers jours. Pascal Rubin a informé le Conseil d’établissement de l’HRC mercredi. Celui-ci condamne des «attaques personnelles» : «M. Rubin estime en effet que la tournure personnalisée des discussions autour de la situation de l’HRC ne permet pas la mise en place raisonnée des conditions nécessaires à son rétablissement financier.» L’annonce de «la réorganisation de la direction générale» se fera «dans les meilleurs délais».
Mardi, les syndicats SSP, Syna, SCIV et l’Association suisse des infirmières et infirmiers ont appelé à «un renouvellement immédiat de la direction». Ils ont rencontré les deux conseillères d’État en charge de la Santé et disent en attendre une «prise de position formelle» de leur part. Beatriz Rosende, du SSP, maintient cette demande: «M. Rubin n’est pas le seul responsable des dysfonctionnements, explique-t-elle. Nous espérons que son départ amorcera une nouvelle ère dans les relations avec le personnel.» La communication du jour de l’HRC déplaît à la syndicaliste: «Il n’y a pas d’acharnement de notre part contre M. Rubin. Nous nous sommes contentés de signaler les problèmes aux conseillères d’État. Cela porte sur la direction des soins, la direction des Ressources humaines et la direction générale, qui validait les décisions de ces deux dernières.»

Le départ de Pascal Rubin a-t-il été exigé par le gouvernement vaudois? «Les deux Conseils d’État, vaudois et valaisan, n’ont pas la compétence de nommer ni de démettre le directeur général, répond la cheffe du Département vaudois de la santé et de l’action sociale, Rebecca Ruiz. Il s’agit d’une décision totalement individuelle de Monsieur Rubin. Je prends acte de cette démission. Avec ma collègue Esther Waeber-Kalbermatten, nous sommes en contact avec le Conseil d’établissement pour assurer la continuité de la conduite de l’HRC.»

Depuis l’annonce à fin avril d’un déficit 2019 trois fois plus élevé que prévu, soit 18 millions de francs, l’HRC occupe la scène politique. Fin avril, le gouvernement vaudois a annoncé un audit de la société BDO Visura et un autre du Contrôle cantonal des finances. Les conclusions sont attendues au début de l’été. Le 12 mai, le parlement vaudois a débloqué 45 millions de francs pour renouveler la garantie existante et 60 millions pour une garantie complémentaire. Lundi, le PLR, l’UDC et les Vert’libéraux ont demandé une commission d’enquête parlementaire. «Nous n’allons pas nous satisfaire de la démission de Monsieur Rubin, réagit le président du PLR Vaud, Marc-Olivier Buffat. Nous ignorons tout du rôle positif ou négatif qu’il aurait pu jouer tant que les investigations ne sont pas menées jusqu’au bout. Nous ne pouvons pas dire que la confiance est rétablie. Cette démission n’est qu’un épisode dans ce long scénario désastreux.»