En attendant les audits

13 juin 2020 NF isabell.gay@lenouvelliste.ch

Entre commission d’enquête parlementaire, renforcement ou suppression de la commission intercantonale de surveillance et rôle du Conseil d’établissement, les partis valaisans désirent des suites politiques. Débat jeudi lors de la session de juin à Brigue. 

Les députés se pencheront sur la situation de l’hôpital Riviera-Chablais le 18 juin prochain. 

Tout le monde s’accorde sur un point: la situation financière de l’hôpital Riviera-Chablais (HRC) mérite des éclaircissements. Pour le reste et la suite à donner à l’affaire, les souhaits des partis valaisans divergent. Avant de commencer la session de juin, les députés ont dans leurs mains deux rapports, l’un du Conseil d’Etat, l’autre de la commission intercantonale de surveillance (CIC) de l’HRC. Des documents peu étayés, selon les chefs de groupe, et qui appellent à d’autres questions. En parallèle sont réalisés deux audits, sur les finances et la gouvernance de l’HRC, mandatés par les Conseils d’Etat vaudois et valaisan. Les résultats de ces audits seront connus à la fin du mois d’août.


Pour certains partis, ces éléments, qui devraient faire la lumière sur la situation actuelle de l’HRC, ne suffisent pas. L’UDCVr, premier parti à demander officiellement la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire (CEP), campe sur ses positions. «Nous ne pouvons pas nous contenter de ces rapports et de ces audits», répond Grégory Logean, chef du groupe UDCVr. «Il est du devoir du Grand Conseil d’exercer son rôle de haute surveillance avec les outils à disposition, dont la CEP, lors d’une situation aussi chaotique.»

L’UDC et le PDC du Bas veulent une CEP

Le PDC du bas, de son côté, souhaite attendre les conclusions des audits pour se déterminer. Néanmoins, à la suite d’une intervention du parlement vaudois réclamant une CEP, «il nous paraîtrait judicieux d’étudier l’opportunité d’une CEP intercantonale. Nous allons déposer une intervention dans ce sens», déclare la cheffe de groupe Muriel Favre-Torelloz. La Chablaisienne souhaite également aller plus loin en déposant une autre intervention concernant la CIC. «Force est de constater à la lecture du rapport que les prérogatives de la CIC ne se déclinent que dans la convention et pas dans les faits, puisqu’elles ont été restreintes à une chambre d’enregistrement de faits anachroniques.» Le PDC du bas souhaite que la CIC puisse travailler sur les objectifs stratégiques de l’HRC, la planification financière, le budget et la gouvernance. «Cette CIC est la seule surveillance que le Grand Conseil a à disposition.»

La CIC remplacée par la commission de la santé?

Pour le PLR, au contraire, la CIC n’a plus sa raison d’être. «Cette commission a été nommée pour un suivi de la construction», commence Christophe Claivaz. «L’hôpital est construit maintenant. C’est à la commission de la santé d’exercer un suivi sur le fonctionnement, comme cela se passe déjà à l’Hôpital du Valais.» Quant à la mise sur pied d’une CEP, c’est prématuré pour le chef de groupe PLR. «Laissons déjà travailler les audits où l’inspection des finances aura finalement accès aux mêmes pièces du dossier.» Son parti abordera également le nombre des membres valaisans au sein du Conseil d’établissement. «Nous sommes étonnés que seules deux personnes représentent le Valais. Nous souhaiterions en avoir plus.»

La «non-communication» du Conseil d’établissement

Pour le parti socialiste, au contraire, «qu’il y ait deux ou quatre représentants au sein du Conseil d’établissement ne change rien au fait que les informations ne soient pas remontées jusqu’au Conseil d’Etat.» Emmanuel Amoos songe à déposer une intervention concernant la non-communication dans cette affaire. «Comment se fait-il qu’aucun signal d’alarme n’ait été donné? Comment peut-on emprunter 20 millions sans en informer les cantons? Je peine à comprendre», déclare le chef de groupe socialiste.


Du côté des Verts aussi, la question de cet emprunt dans une banque grisonne interpelle. «Cela paraît fou de pouvoir emprunter une telle somme du jour au lendemain pour des questions de liquidité, et pourtant, c’est une pratique connue. Y compris à l’Hôpital du Valais», soutient Céline Dessimoz. La députée verte prône aussi la patience jusqu’aux résultats d’août. «On ne peut pas décider sur des aprioris. Nous devons faire confiance aux institutions, puis décider une fois les résultats des audits connus», déclare Céline Dessimoz. La cheffe de groupe sera, quant à elle, très attentive aux mesures d’économies annoncées d’ores et déjà par l’hôpital. «Penser à une réduction du personnel quand on s’est trompé dans l’estimation des recettes n’est pas une solution.» Les débats, prévus le 18 juin, s’annoncent intenses.